France est proche pour moi par l’état d’âme

Le 6 juin à Moscou il a eu lieu le 13ème Bal de Vienne, où Alexandra OTIEVA a participé, présentant pour la vente aux enchères caritative sa peinture «Baie» aux couleurs douces pastels. En perspective la participation aux événements de l'Année de la Russie à Monaco. Nous parlons au maître aquarelliste des projets prochains et d'avenir.

Alexandra, au Bal de Vienne, vous étiez en une belle robe particulière, c’est un imprimé de votre peinture?

Oui, la robe en soie éclatante est faite d'après les motifs de ma collection florale «Pavots».

Combien de robes ont été faites d’après les imprimés florals?

Pour le moment, deux – «Pivoines» et «Pavots», mais maintenant on travaille sur deux nouvelles robes. La première robe a été cousue pour l’ouverture du vernissage dans la ville de Beaulieu-sur-Mer l’année dernière et elle a produit un effet étonnant, suscitant l’intérêt du public. De plus, une attention particulière a été accordée aux foulards en soie, élaborés d’après les motifs des peintures. Un de ces jours on lancera une nouvelle série limitée de quatre foulards. J’ai déjà des commandes spécifiques.

A quels événements et où allez-vous présenter vos œuvres dans les prochains jours?

On m’a proposé d’organiser un vernissage lors des concerts de trois jours «Symphoniede la Côte D'Azur» au Grimaldi Forum en septembre. La série de mes peintures florales complètent parfaitement le défilé floral traditionnel de Tatyana Trydvornova. Il est aussi prévu d'organiser un vernissage de peintures à la Galerie d'Art Contemporain à Monaco, où je présenterai une série de foulards en soie et la porcelaine. Il aura lieu en août et maintenant on discute les dates. On discute l’organisation de l'exposition de mes peintures dans la ville italienne de Montecatini Terme en octobre 2016 dans le cadre du festival «Les yeux noirs».

D'où est née l'idée d'imprimer sur soie et porcelaine?

L'aquarelle est une peinture étonnante, transparente, applicable à tout. Quand vous regardez les peintures à l’aquarelle on trouve tout de suite beaucoup d’idées associatives. Vous pouvez imaginer la plupart de mes œuvres dans l'instant sous forme de décor, et pas seulement comme un tableau. Cela concerne directement les foulards en soie. Le désir de créer un imprimé sur la porcelaine est apparu par hasard en août l’année dernière. J’ai vu dans mon rêve l’hôtel «Ritz» où dans la vitrine se trouvait la porcelaine avec mes pivoines. Le rêve étonnant a donné de l'élan pour créer un nouveau projet. Après avoir examiné plusieurs variantes, y compris la manufacture limougeaude, nous avons choisi la porcelaine à la cendre d'os, dont le producteur je ne vais pas encore relever. Je ne peux dire qu’une chose: c'est une production avec une histoire riche et de très anciennes traditions. On va fabriquer des tasses à thé et à café en porcelaine avec un motif de pivoine. Voyons comment elles seront acceptées et en cas de succès, nous commanderons un service complet. Il y a quelques idées que je ne voudrais pas encore divulguer.

Il arrive qu’il s’agisse de la création d’une propre marque?

Oui, elle va s’appeler «Alexandra Otieva». Nous avons élaboré soigneusement la forme et la couleur du logo et des boîtes. Le but prochain – c’est l’ouverture d’une boutique galerie où seront présentés pas seulement les tableaux, mais aussi les objets décoratifs en petite quantité, mais en exclusivité.

Alexandra, ça fait déjà combien d’années que vous habitez en France?

Onze.

Et c’est ici où vous avez commencé à créer?

Non, je peins depuis mon enfance, mais la première exposition où mes œuvres ont été exposées a eu lieu en France il y a 15 ans. J’étais la plus jeune participante. A ce moment-là il y avait des saisons russes en France et des saisons françaises en Russie sur le programme d'échange des photographes et des artistes. L’exposition a eu lieu dans une petite ville Saint-Cloud près de Bordeaux. Les organisateurs ont sélectionné mes œuvres d'avance et il est arrivé que c’était en France où je me suis présentée pour la première fois. J’ai réussi à vendre quelques-unes de mes peintures avant l’ouverture officielle de l’exposition. Ensuite il y avait des expositions en Russie, mais quand j’ai déménagé à Nice, j’ai commencé à travailler activement et à me présenter ici.

Qui sont les amateurs de votre œuvre?

Beaucoup de gens aiment mes travaux. Si on parle des collectionneurs ce sont plutôt les Russes qui possèdent des peintures. Il est étonnant pour moi que beaucoup de gens achètent des tableaux et en emmènent en Russie, par exemple, les paysages de l'hiver russe. Il fallait venir sur la Côte d'Azur pour acheter une peinture avec l'hiver russe et en emporter chez soi! Mes œuvres sont souvent achetées par les Britanniques et les Belges, qui, par ailleurs, aiment l’aquarelle. En Belgique l’école de l’aquarelle est très développée et les Belges sont les appréciateurs rares de la peinture à l’aquarelle. Beaucoup de mes œuvres ont été envoyées en Suisse, et dans d’autres pays européens, quelques peintures ont été emportées dans les pays arabes - la Libye et l’Iran à l’époque de mes étudiants.

Et quant au le nombre d’œuvres, combien y en a-t-il dans votre portfolio?

Je n’ai jamais compté, mais le dernier catalogue contenait à peu près de 170 œuvres, mais ce n’était pas toutes mes œuvres. Malheureusement, les premiers tableaux se sont "disparus" dans le monde entier, puisque je ne les ai pas photographiés. Je pense que j’ai créé un peu plus de 200 œuvres.

Votre art, est-il laborieux?

Oui, j’utilise la technique compliquée – l’aquarelle sur papier humide. Quand je commence à travailler il faut l’accomplir tout de suite, c’est-à-dire 5-7 heures debout sans pause, même pour prendre une tasse de café. L’aquarelle est une dame très capricieuse! Vous ne pouvez pas vous tromper, car la peinture est immédiatement absorbée par le papier. Ce n'est pas de l'huile, quand vous pouvez peindre une semaine, deux, plusieurs années, si quelque chose a échoué - gratter et changer. L’aquarelle est un art instantané.

Avez-vous beaucoup raté?

Pendant les 15 années il y a eu trois fois, parce que j’ai choisi un mauvais moment pour le travail, il n'y avait pas assez d'inspiration... L’œuvre demande de l'élan. Il arrive qu'une semaine, un mois, deux, trois passent, quand on n'écrit pas du tout, et la peur d'une "feuille blanche" apparait, comme chez les écrivains ou les compositeurs. On se fait conscience et on essaie de se calmer. Dans ces moments là, j’essaie de puiser mon inspiration, et quand elle arrive, la peinture se range elle-même dans ma tête et se met sur le papier.

Qu'est-ce qui vous inspire de créer?

Les impressions de la nature, de la musique, du théâtre, des rencontres avec des gens intéressants. Pour moi, les impressions les plus fortes sont de la nature. Je n’ai pas tout de suite une image de la peinture dans ma tête, elle y mûrit, et je commence à travailler le moment où la conception est prête, sachant exactement ce qu’il faut écrire en ce moment.

Vous habitez depuis longtemps sur la Côte D'Azur, d’où prenez-vous des images russes, par exemple, de la nature enneigée?

Nostalgie. La plus longue peinture que j’ai mûri – c’est «Samovar». Je voudrais toujours le peindre, mais je ne voudrais pas le faire d’une manière classique figurative. L'idée était dans ma tête pendant deux ans, après une année de réflexion, j'ai décidé de reporter cette entreprise, mais ensuite j’ai vu soudainement la bonne image et je l’ai réalisée.

Comment vous sentez-vous en France?

Comme à la maison. J’aime bien le climat et la nature. Ici il y a une impression pas de la fête de la vie, mais plutôt des conditions optimales, favorables au travail de l'artiste. Beaucoup de maîtres célèbres y sont venus pour créer, en raison de l'abondance de la lumière du soleil, des fleurs fleurissantes toute l'année, des couleurs étonnantes de la mer d'azur à Nice.

Avez-vous des œuvres avec la mer?

J’en ai, mais pas beaucoup. Au fait, certaines galeries m'ont grondé tout au début du travail parce que je n’ai pas fait d’œuvres avec la mer. Les galéristes ont dit que les peintures avec la mer étaient particulièrement appréciées par les Américains. Je ne peux pas peindre sur demande – tout dépend de l’inspiration. Avant de venir ici j’avais environ cinq œuvres avec la mer, dont les trois ont été achetées par les Américains, mais malheureusement, il ne restait même pas leurs photographies. Plus tard il y avait quelques paysages avec les phares, les rochers.

Avez-vous essayé d’utiliser d'autres techniques?

Depuis mon enfance je peins à l’aquarelle. Puis, bien sûr, je me suis essayée au travail avec de l'huile et du pastel, mais j'ai décidé de choisir l'aquarelle. Elle était toujours une technique sous-estimée, qui est maintenant presque oubliée en Europe. Maintenant ici on considère l’aquarelle comme des paysages pastels. C’est pourquoi mêmes les critiques ne reconnaissent pas immédiatement de loin mes grandes œuvres à l’aquarelle, croyant que c'est soit de l'acrylique, soit de la gouache. Je me suis décidée à garder les anciennes traditions de la technique russe à l’aquarelle et j’y reste fidèle.

L’âge de l’aquarelle, est-il long?

Les peintures à l’aquarelle sont stockées plus longtemps que celles à l'huile. Il existe des aquarelles datées du XIme siècle. Les œuvres à l’aquarelle sont toujours conservées sous verre. Si garder une peinture sous le soleil, un jour elle s'oblitérera, mais si la mettre à l’ombre, rein ne se passera. Avec le temps l’huile se craquelle, et les peintures à l’aquarelle restent les mêmes. Si protéger l’aquarelle de l’humidité et de la lumière directe du soleil, elle sera conservée toujours.

En France quelqu’un utilise-t-il cette technique?

Des artistes locaux – il n’y a personne. Mêmes les aquarellistes qui travaillent en France ne sont pas les Français. Certaines jouent avec cette technique, mais ceux qui ne travaillent qu’avec l’aquarelle sont peu nombreux en Europe.

Voudriez – vous transmettre vos connaissances aux élèves?

Oui, quand j’habitais à Nice, le mercredi les enfants venaient chez moi et nous avons travaillé toute la saison. Comme ils l’ont dit, c’était une «journée orange» - les enfants aimaient beaucoup les cours de peinture et étaient chagrinés quand j’ai arrêté les cours. C’était dû à la recherche de l'inspiration, j'ai commencé à voyager beaucoup dans différents pays et je ne pouvais pas continuer des cours réguliers. Aujourd’hui, je pense à recommencer des cours, parce que j'aime les enfants, il y a des gars talentueux, et il est dommage de ne pas développer leurs capacités. Par exemple, lors de la "Symphonie de la Côte d’Azur", le deuxième jour sera consacré aux enfants. Pour cet événement, ils seront préparés en été, offrant différents cours, y compris l'aquarelle. J’avais une idée d’ouvrir une galerie. Tout devait finir par l’ouverture d’une galerie avec une salle particulière et les cours à tous les arrivants. Nous avons dû nous ouvrir en mai, mais ma situation de vie a soudainement changé et nous avons remis cette idée.

Dans quels pays avez-vous cherché de l’inspiration?

J'ai voyagé partout en Europe et je voyage toujours vers les tableaux des artistes. Ja vais à Londres chez Turner, en Espagne – chez Goya, à Paris – ches les impressionnistes. Pour moi la motivation à voyager c’est pas seulement la nature, mais aussi le travail des maîtres, la pénétration dans leur art.

Quel est votre pays préféré?

France. Elle est proche pour moi par l’état d’âme. Il est facile de vivre et de créer ici.

Je vous souhaite la réalisation de tous les plans conçus et de nouveaux projets hardis.

Nina GRIGOROVITCH
journal «Monaco», juillet 2015